Naissance de l’œuvre du Camp des Taillis à Genval
Articles extraits de la revue « Reflets d’en haut » parue en mai 1948.
Une bonne nouvelle.
Répondant aux nombreuses prières qui Lui ont été adressées depuis longtemps, le Seigneur nous a accordé la joie de pouvoir acquérir enfin une magnifique propriété à Genval (environ 20 kilomètres de Bruxelles), pour y ériger un camp de jeunesse et aussi, Dieu voulant, une maison de repos pour vieillards. L’assemblée de Genval y trouvera également un local dont elle avait le plus urgent besoin. Que notre Dieu accepte la reconnaissance de ses enfants et qu’il leur fasse comprendre à tous, leurs responsabilités autant que leurs privilèges. Ceci n’est pas une fin, mais un commencement. Une œuvre immense est à faire pour laquelle nous sollicitons plus que jamais le concours et les prières instantes de tous les enfants de Dieu de Belgique et de l`étranger. Nous les en remercions à l’avance.
Camp de jeunesse et Maison de repos de Genval
Sachant que tous les lecteurs de notre périodique sont aussi des amis de l’œuvre de Dieu en Belgique, nous croyons qu’ils liront avec intérêt les quelques détails qui suivent concernant la propriété acquise à Genval pour y mettre sur pied tout à la fois une installation appropriée pour un camp de jeunesse et une maison de repos pour vieillards.
Ce n`est pas sans beaucoup d’appréhension que nos frères sont entrés dans cette voie. Il s’agit d’une œuvre importante dont l`ampleur, à vues humaines, dépasse considérablement nos forces et nos moyens, surtout pour ce qui concerne le Home pour vieillards. Mais il devenait de plus en plus évident pour chacun, que le Seigneur nous appelait à ce service d`amour envers ceux de nos frères et sœurs arrivés au soir de la vie et dont les conditions d’existence exerçaient nos consciences et faisaient grandir notre profonde sympathie chrétienne. Un bon nombre d’entre eux sont profondément malheureux et doivent vivre misérablement dans des institutions officielles ou privées où, comme enfants de Dieu, ils sont incompris et ne peuvent plus s’associer à leurs frères et sœurs dans la foi pour adorer Dieu ni recevoir la nourriture spirituelle dont leur âme a tant besoin.
Conscients de notre grande pauvreté et de notre extrême faiblesse, nous avons néanmoins marché de l`avant, nous appuyant sur la bonté et la puissance de notre Dieu qui, connaissant nos immenses besoins et notre désir de Lui être agréables, nous assurera les ressources qui nous sont indispensables pour l’accomplissement de cette noble tache. N’est Il pas toujours « Jehovah-Jire » en qui se confiait Abraham ? N’est-ce pas Lui qui a dit « L’or est à moi et l’argent est à moi » (Aggée 2 :8).
Déjà nous pouvons dire que le Seigneur nous a merveilleusement aidés et conduits selon sa sagesse.
A plusieurs reprises nous avons été sur le point d’acquérir l’une ou l’autre propriété qui nous paraissait répondre aux nécessités de cette œuvre. Mais chaque fois un obstacle imprévu nous barrait la route, à notre grand regret. Aujourd’hui, nous comprenons mieux que le Seigneur conduisait les circonstances pour notre facilité autant que pour exercer notre foi.
La propriété acquise à Genval a une superficie de trois hectares, dont une moitié environ est boisée. Il s’y trouve une maison d’habitation fort bren située dans un cadre délicieux, mais elle même d’apparence plutôt modeste. Elle n’est pas fort grande et suffira tout juste pour y loger la direction du Home avec les services administratifs. Mais, de chaque côté il y a une annexe aisément transformable pour y construire, d’un côté des chambres et autres salles nécessaires pour les futurs pensionnaires ; de l’autre, une salle très confortable pour y loger l’assemblée de Genval qui tient ses réunions dans l’appartement d’une famille chrétienne, en attendant mieux. Déjà les transformations de cette partie du bâtiment sont en cours et il est vraisemblable que l’assemblée pourra s’y installer dans deux ou trois semaines.
Hélas ! les transformations pour le home ne pourront vraisemblablement pas être commencées aussi rapidement parce que nous devons avoir recours a un architecte et obtenir les autorisations nécessaires de l’administration communale, laquelle nous est d’ailleurs très favorable. De plus, ces travaux exigeront encore des capitaux dont nous ne disposons pas pour le moment puisqu’il nous manque encore environ 400 000 francs pour parfaire le prix
de la propriété. Aussi, c’est avec beaucoup de tristesse que nous avons déjà du répondre a plusieurs pauvres amis qu’ils devront patienter avant de pouvoir être admis dans ce lieu qu’ils entrevoient déjà comme une délivrance a leurs misères.
L’un d’eux écrivait récemment : « Vous voudrez bien m’excuser si je me permets de vous demander quelques renseignements au sujet de l’asile de Genval. Serait-il accessible cette année ? Si oui je tacherai de patienter encore ici, quoique cela devienne dur pour moi. Si non, je serai forcé de chercher ailleurs. Je n’aimerais pas d’aller chez les religieuses ; je devrai tâcher d’aller à Courcelles (asile officiel où il fait difficile d’être admis faute de place NDLR). Je ‘oserais plus risque de passer l’hivers ici, je ne le supporterai plus. »
Chaque lecteur comprendra combien il est douloureux de ne pas pouvoir donner suite à de tels cris d’alarme. Nous pourrions en citer d’autres, si la place ne nous faisait défaut.
Pour ce qui concerne le camp de Jeunesse, la situation se présente beaucoup plus favorablement. Grace a l’extrême bienveillance du vendeur, nous avons pu commencer les travaux immédiatement, avant même que l’acte d’achat soit passé devant notaire.
Aussi, nous n’avons pas perdu de temps et le baraquement acquis l’an denier fut démonté à l’endroit où il se trovait transporté à Genval dans la propriété, par les soins d’une vaillante équip de volontaires de différentes assemblées qui ne craignirent pas d’affronter une chaleur tropicale pour accomplir un véritable tour de force. A la fin juillet l’énorme baraquement de 43 mètres de long sur 13 mètres de large était remonté et entièrement couvert à l’abri des intempéries. Il reste encore beaucoup à faire, mais nous brulons du désir d’exprimer notre reconnaissance à tous ceux qui ont contribué a un titre quelconque à ce travail d’hercule. Oui, en vérité, le Seigneur nous a secourus jusqu’ici et nous y voyons l’assurance qu’Il nous conduira jusqu’au bout.
Chers lecteurs, priez pour nous et souvenez vous de nous et de nos circonstances. Unissez vous a nous pour faire mouvoir le bras tout-puissant de notre Dieu afin que nos enfants trouvent a Genval, dès l’an prochain, un lieu ou ils se feront du bien physiquement et une ambiance spirituelle qui leur sera en bénédiction; afin surtout que nos chers vieillards soient heureux dans une maison chrétienne où ils seront entourés d’une chaude affection et où ils trouveront ce « Repos du Soir » après lequel ils soupirent.
AU CAMP DES TAILLIS AVEC LES JEUNES
Un week-end ensoleillé
Samedi 15 mai 1948. C’est la veille de Pentecôte. Depuis longtemps bon nombre d’amis des assemblées attendaient ce jour avec une certaine impatience dans laquelle il y avait bien aussi un peu d’anxiété.
En effet, cette date, chacun l’espère, sera le couronnement d`une très longue période d’activité, de peines et de sacrifices consentis avec joie en faveur de la jeunesse des Assemblées de Belgique au nom et pour la gloire de notre Seigneur Jésus-Christ.
Nous nous en voudrions de ne pas jeter un coup d’œil rétrospectif sur
L’origine de cette entreprise dont bien peu, même encore aujourd’hui, soupçonnent l’ampleur et se rendent compte de la somme d’efforts et de travail qu’il a fallu accomplir pour mener a bien cette œuvre d’amour chrétien.
Nous sommes en 1945. Pour la première fois, depuis la guerre, un cher frère suisse, M. Léonard Bréchet, visite quelques assemblées belges. Il est un des principaux organisateurs des camps de Jeunesse en Suisse, où depuis longtemps déjà, bien des jeunes ont été touchés par le glorieux évangile du Salut tandis que d’autres y ont eu conscience de l`appel au service du Maître.
Pendant les années de guerre, quelques enfants, de nos assemblées ont eu le privilège de faire un séjour bienfaisant en Suisse sous les auspices de la Croix-Rouge Internationale. D`autres ont bénéficié de l’envoi de colis de parrainage qui leur ont procuré un peu de confort dont “ils avaient tant besoin. Depuis que les hostilités sont terminées, ce service philanthropique a pris fin.
Et pourtant beaucoup de nos enfants ressentent encore vivement l’insuffisance du ravitaillement.
Préoccupés par cette question d`importance pour l`avenir de notre jeunesse, nous en faisions part à notre frère M. Bréchet qui nous suggéra l`idée d`organiser, ici en Belgique, un camp de vacances semblable a ceux dont il avait depuis longtemps assumé l’organisation dans son pays.
Il nous raconta quelques-unes de ses expériences dans ce travail. Il nous parla des difficultés du début et de la faveur toujours plus grande que ces rencontres trouvèrent auprès des jeunes. En vrai connaisseur qu’il est, il nous fit un tableau attrayant de la vie de camps et nous dit les espoirs qu’ils permettaient pour le développement spirituel des enfants.
Un petit nombre de frères, surtout des jeunes, furent d’avis de tenter l’expérience. Mais chez nous, l’idée était toute neuve, il fallut vaincre quelques préjugés avant de mettre les projets en pratique.
Cependant, une première circulaire aux assemblées adressée en novembre 1945, rencontra la faveur de la majeure partie des chrétiens et 85 enfants se firent inscrire pour un camp encore à venir.
Aussitôt en possession de ces renseignements encourageants, nous compriment que le Seigneur nous confiait un nouveau ministère et nous nous mîmes en route pour trouver un endroit où nous pourrions loger et entretenir, pendant deux périodes de 15 jours, tout ce petit monde qui viendrait à nous.
Hélas, nous n’avions jamais envisagé qu’il serait difficile de découvrir un lieu approprié. Notre première idée avait été de louer un immeuble à la campagne pour les mois d’été. De ombreuses démarches restèrent sans résultat. Des tentatives d’achat s’avérèrent tout aussi impossibles, étant données les sommes énormes exigées.
Néanmoins, un appel adressé aux différentes assemblées produisit une première somme d’environ 22.000 francs belges, à laquelle vint s’ajouter un autre montant de 25.000 francs.
Ceci nous permit d’acquérir du matériel tels que lits, bancs, tables et d’autres articles de cuisine divers.
Nos démarches au sujet d’un logement étant restés infructueuses, nous avons alors envisagés d’acheter un baraquement provenant des « surplus Alliés ». Mais ceux qu’on nous offrait étaient si peu confortables et si chers que nous n’osions vraiment pas nous y arrêter.
C’est alors que, parlant incidemment à un fonctionnaire ministériel, il nous mit obligeamment sur une piste d’un magnifique baraquement construit par l’armée allemande et se trouvant entièrement monté dans un domaine de l’Etat. Dès notre première visite, nous avions compris que c’était la réponse idéale à tous nos desiderata. Il mesurait 43 ×13 mètres, entièrement démontable et constitué en panneaux à doubles parois isolées a l’ouate de verre, y compris le plancher et le plafond. Douze grandes fenêtres, de chaque côté, laissaient entrer l’air et la lumière à profusion. Mais quel allait être le prix de cette énorme construction ? Nous n`osions pas y penser.
Cependant nous en avons fait une question de prière. Après bien des démarches dans différents services administratifs, avec tous les longs délais que cela implique, nous avons enfin pu mettre la main sur 1’agent préposé à la vente. Il se trouve être précisément le camarade de classe d`un de nos frères engagé dans ce travail. Il semble bien cette fois que le Seigneur ouvre la porte.
Quand nous lui indiquons le but que nous poursuivons, il nous promet d’appuyer nos démarches. Bien des semaines s’écoulent encore avant que nous sachions que nous pouvons en devenir acquéreurs.
Quant au prix, aussi incroyable que cela paraisse, l’administration nous demande de faire offre nous-mêmes. Après quelques entrevues avec le fonctionnaire chargé de la vente une contre-offre de l’administration nous permet de conclure l`affaire pour un prix atteignant a peine le dixième de sa valeur à l`état neuf, cependant que de puissants organismes recherchaient partout ces constructions pour abriter la main-d’œuvre étrangère qu’ils devaient embaucher. Quand le Seigneur ouvre une porte, personne ne peut la fermer.
A ce moment, nous croyions être au bout de la plus grande partie de nos difficultés; il ne s’agissait plus que de trouver le terrain et c`est plein d’entrain que nous nous sommes mis en campagne.
Pour y placer ce grand baraquement et pour permettre aux jeunes de prendre leurs ébats en toute tranquillité, il fallait un terrain d’environ l hectare, en dehors des agglomérations, dans un endroit accessible sans trop de déplacement, avec l’eau et l’électricité à portée raisonnable et, par-dessus tout, pas trop cher.
Des cartes imprimées, exposant nos conditions, furent envoyées dans toutes les administrations communales des régions qui semblaient le mieux convenir à nos projets. Parmi toutes les réponses reçues, nous avons choisi celles qui nous paraissaient les meilleures et avons consacré bien des Week-ends à des visites sur place dont quelques-unes assez éloignées. Mais toutes ces démarches ne donnèrent aucun résultat, soit que l’emplacement ne convenait pas, soit parce que le prix demandé était trop élevé, soit aussi parfois parce qu`on refusait de nous céder les emplacements quand nous expliquions de quelle œuvre il s’agissait et notamment parce que c`était une œuvre évangélique.
Voici, entre autre, un exemple typique de nos expériences décevantes. Un jour un ami de Bruxelles demande à son notaire s`il ne pouvait rien nous proposer de convenable pour un camp de jeunesse. Immédiatement, celui-ci répond qu’il croit avoir en main précisément le terrain idéal et nous fixe rendez-vous pour le lendemain soir. Ce notaire s’intéresse beaucoup aux organisations de jeunesse et promet de venir lui-même nous montrer l’emplacement. En cours de route il nous explique qu’i1 est de descendance huguenote et nous exprime son intérêt pour nos projets. Il est a peu près persuadé que ses clients accepteront la transaction pour autant que nous soyons d`accord sur le prix. Nous allons ensemble dans un très joli site du Brabant Wallon à quelques trente kilomètres de Bruxelles. Le terrain est fort bien situe dans une clairière, entourée de sapins, sur le sommet d’un vallonnement d’où l’on peut découvrir un panorama magnifique sur toute la vallée. Le terrain par lui-même, n’a qu’une superficie de 60 ares, mais il se trouve à proximité immédiate de plusieurs bois appartenant a l`Etat et dans lesquels nous pourrions faire de merveilleuses randonnées avec les jeunes. L’eau courante et l’électricité sont à portée. Le prix demandé était un peu élevé pour nous, mais nous étions disposés à l`accepter. Le notaire à qui nous en faisons part nous promet d’intervenir immédiatement. Quelques jours se passent, sans nouvelle. Le notaire interrogé, nous prie de patienter encore. Enfin, après une nouvelle semaine, il doit nous avouer que ses clients, à qui il a proposé la vente, refusent tout net de la conclure, parce qu`il s’agit d`une œuvre « protestante ».
Toutes ces démarches nous ont amenés au début de l’été et l’Administration des domaines, qui nous a vendu le baraquement, nous harcèle pour que nous en prenions possession sans tarder, des travaux devant être entamés sur son emplacement.
Cependant le Seigneur n’est pas sourd a nos prières et Il prépare pour nous beaucoup mieux que ce que nous espérions.
Peu de jours avant la Pentecôte 1947 un frère de Genval nous demande d’aller voir avec lui exigences du propriétaire étaient alors beaucoup trop élevées.
Il a revu la question et consent à nous faire une proposition de loin plus raisonnable.
Quelques frères qui se rendent sur place, reviennent absolument enchantés. L’endroit est superbe et répond à toutes les conditions que nous avions formulées au début. On peut même dire qu’i1 les dépasse, puisqu’il y a trois hectares, dont un hectare environ boisé. En outre, le domaine comporte une maison d`habitation qui pourra servir d`amorce à la création d’un home pour vieillards dont nous sommes aussi sérieusement préoccupés depuis quelques temps. Mais le prix demandé par le vendeur est de 900.000 frs. Où allons-nous trouver cette somme énorme? Après en avoir fait un sujet de prières, nous décidons néanmoins de placer la question devant tous les amis des assemblées qui se réunissent à Pâturages le lundi de Pentecôte pour la conférence des Assemblées belges. Il faut d’ailleurs que nous donnions réponse pour le mercredi suivant au plus tard. Ayant fait mention de la chose a l’assemblée réunie là, nous demandons aux frères disposés a nous venir en aide de bien vouloir se faire connaître immédiatement. Avant la fin de cette journée nous avions des promesses pour plus 300.000 frs. Ainsi encouragés et y voyant la direction du Seigneur en réponse à nos prières, nous avons décidé de conclure l’affaire si le vendeur acceptait certaines propositions restrictives qui nous paraissaient indispensables. Il se prêta de bonne grâce à toutes nos exigences et la propriété fut achetée.
Aussitôt l’accord conclu, nous avons pu, commencer les travaux pour le transfert de notre baraquement, le propriétaire nous ayant autorisés a occuper une partie de la propriété a cet effet avant même que l`acte de vente fut passé par devant le notaire.
Le travail du démontage et le transport du baraquement commencèrent aussitôt avec une équipe d’amis, tous volontaires, qui y travaillèrent d`arrache-pied pendant plus de quinze jours, logeant dans les chambres non démontées, du baraquement et travaillant parfois depuis l’aurore, soit vers 3 ou 4 heures du matin, jusqu’au soir très tard. Si l’on veut se souvenir de la chaleur torride dont nous fûmes gratifiés l’été dernier, on comprendra l’effort gigantesque accompli par cette équipe de braves.
Pendant que l’on démontait le baraquement d`un côté, d`autres amis préparaient les assises en Sans discontinuer les travaux se poursuivirent pendant des mois sous la direction de notre frère Monsieur Gustave Tieleman qui s’est dévoué sans compter pour cette œuvre et a qui nous nous plaisons a rendre ici un juste hommage.
Chacun se souviendra de la concentration du 11 novembre qui amena, durant une journée, un grand nombre de frères et sœurs a Genval et dont un numéro précédent a rendu compte.
Cette concentration suscita un intérêt plus réel parmi tous ceux qui y prirent part et les travaux purent se continuer durant tous les mois d`hiver malgré le froid et la pluie.
Quand on s’aperçut que les travaux avançaient d`une façon satisfaisante, on envisagea d’organiser une première rencontre pour la Pentecôte 1948.
Mais il restait encore bien du travail a exécuter pour que tout soit terminé a cette date
Il faudrait parler en détails de l’installation électrique, (avec lampes veilleuses pour la nuit, s’il vous plaît) du placement de l’eau de ville et des installations sanitaires.
Presque tous ces ouvrages furent exécutés par trois ou quatre courageux amis qui depuis plus de six mois passèrent à Genval tous leurs samedis après-midi jusque tard dans la nuit et même, lorsque les soirées devinrent plus longues, s’y rendirent jusque 3 et 4 fois par semaine après leurs occupations habituelles. Il serait difficile d’apprécier les services qu’ils ont rendus. Nous ne voulons pas non plus oublier nos amis de l’assemblée de Ransbeche, dont le concours ne nous fut pas marchandé, surtout pour les travaux extérieurs, tels que le tracé des chemins. Faut-il parler encore de la peinture extérieure et intérieure, des travaux de menuiserie et de réparations de la toiture qui a été entièrement recouverte de toile bitumée? Enfin, il serait injuste de ne pas mentionner aussi le dévouement de quelques sœurs qui consacrèrent bien des journées au nettoyage de tout l’intérieur, ce qui n’était certes pas une sinécure après les travaux de toute espèce accomplis dans ce baraquement. Mais ce n`est pas uniquement le concours des bras qu`il faut signaler. Que de sacrifices insoupçonnés ont marqué ces derniers mois pour notre œuvre a Genval.
A tous nous voulons, en cette circonstance, exprimer notre reconnaissance pour l`aide efficace et dévouée qu’ils nous ont apportée et nous demandons au Seigneur qu`Il se souvienne de leurs dons et les accepte comme un sacrifice en Son honneur.
Celui qui a promis une récompense pour un verre d’eau donné en son nom oublierait Il cette œuvre d’amour accomplie en faveur de Son peuple ?
Enfin, tant de patients et courageux efforts furent couronnés de succès et après un dernier coup d’épaule, la semaine précédant la Pentecôte, nous eûmes la joie de voir toute la propriété en parfait état de propreté, pour attendre les 57 campeurs qui avaient répondu aux invitations des organisateurs.
Aussi c`est avec un sentiment difficile à exprimer que nous vîmes arriver cette journée du 15 où, pour la première fois en Belgique, parmi les assemblées, nos jeunes allaient passer ensemble ces moments si bienfaisants dont ils garderont sans aucun doute le meilleur souvenir.
Les multiples questions que soulève l’organisation d’un camp de jeunesse ct une concentration comme celle qui eut lieu le lundi, furent envisagées avec beaucoup d’à propos par ceux qui en eurent la charge. Le programme de chaque journée, tant au point de vue spirituel que matériel fut élaboré et exécuté sans accroc, à la satisfaction générale.
Nous devons rendre un hommage particulier à nos chères sœurs qui, avec un dévouement au-dessus de tout éloge, se sont acquittées de la très lourde responsabilité de la cuisine du camp. Les aliments furent abondants et d’excellente qualité.
La joyeuse atmosphère de « Camp de Jeunes » s’est créée d`emblée et fut maintenue jusqu’au bout.
Pour annoncer l’ouverture officielle du camp, une courte mais émouvante cérémonie rassemble tous les participants devant un mat dressé en face de l’une des entrées du baraquement où la plus jeune campeuse hissa le drapeau blanc à la croix huguenote rouge, symbole du « Camp des Taillis ». Aussitôt furent entonnées deux strophes entraînantes des cantiques :
Du Christ la bannière Se déploie au vent;
Pour la Sainte guerre Soldats, en avant!
Debout, sainte cohorte, Soldats du Roi des rois,
Tenez d’une main forte L`Etendard de la Croix.
Les campeurs, groupés ensuite dans la grande salle du baraquement, reçurent les consignes à observer pendant la durée du camp.
Après le souper pris en commun avec une grande joie, eut lieu la première réunion à laquelle avaient été conviés les amis de l’assemblée locale ainsi que quelques visiteurs qui n’avaient pu résister au désir de partager les premières impressions des campeurs.
A dix heures un dernier message de quelques minutes apporta aux campeurs la méditation proposée pour le culte personnel du lendemain matin dans les chambrées; après quoi chacun fut invité à se retirer dans la chambrée qui leur avait été désignée, sous la surveillance de leurs chefs respectifs, savoir pour les jeunes filles : Madame Dorcas Bain et Mesdemoiselles Paula Delplan et Francine Maison; pour les jeunes gens : Messieurs Alfred Finet, Bernard Andries et Simon Doulière. Des conversations fort intéressantes s’engagèrent dans chaque chambrée entre les campeurs et leurs chefs et nous sommes persuadés que l’impression profonde reçue là par bon nombre de jeunes ne restera pas sans fruit.
Le lendemain matin, un petit plaisant ayant subrepticement avancé de 2 heures l’unique pendule du camp, il s’en est fallu de peu que le réveil général ne sonne a cinq heures, ce qui n`aurait d’ailleurs pas affecté outre mesure la bande joyeuse qui, bien avant l’heure fixée pour la toilette était debout, attendant impatiemment le coup de cloche pour prendre son envolée, un soleil magnifique conviant encore davantage à la joie.
Une demi-heure de méditation personnelle dans les chambrées avec pour mot d`ordre :
« Sonde-moi ô Dieu et connais mon cœur; éprouve-moi et connais mes pensées; regarde si je suis sur une mauvaise voie et conduis-moi sur la voie de l`Eternité ››. (Ps. 139. 23 et 24),
Elle fut suivie du substantiel déjeuner en commun, puis le «gendarme» du camp désigna ses victimes pour les inévitables corvées a la grande joie de ceux qui passèrent entre les mailles.
A dix heures, la réunion de culte réunit tous les campeurs, le personnel du camp, les amis de l’assemblée de Genval et plusieurs visiteurs dans la grande salle. Tous, nous nous sentions. sous le regard de Dieu et nos cœurs débordaient de reconnaissance envers Lui lorsque nous lui apportions nos louanges et nos actions de grâce.
Apres le dîner, suivi d`un temps de repos, l’après-midi fut partagée entre un moment de distraction saine en plein air et les réunions inscrites au programme.
Tandis que notre chère sœur Mme Hunter, de Suisse, réunissait les jeunes filles dans la salle de réunions de l’assemblée de Genval, les jeunes gens entendaient un message du frère L. Haye dans la salle du baraquement.
A cinq heures, deux chères sœurs anglaises, futures missionnaires au Congo belge, parlaient à nouveau aux jeunes filles de leur appel et de leurs projets tandis que les jeunes gens s’entretenaient par des questions librement discutées.
Encore quelques moments de distraction en groupes, et voici l`heure du souper suivi de la réunion d’évangélisation avec les amis de l’assemblée.
Vers dix heures, communication du nouveau mot d’ordre pour le lendemain puis chacun se retira dans sa chambrée, heureux de cette belle journée et des bénédictions reçues en abondance.
Et nous voici déjà au dernier jour de notre camp.
Les consignes du « gendarme » sont beaucoup plus nombreuses ce matin, car il faut que tout soit prêt et en ordre pour l’arrivée de nos visiteurs conviés à une réunion générale d’inauguration.
Tout s’accomplit avec une bonne grâce parfaite et un magnifique empressement. On réalise que chacun est désireux d`apporter son aide a la bonne réussite de cette mémorable journée.
Les amis qui viendront tout à l’heure pourront aisément se rendre compte que notre jeunesse a passé deux heureuses journées à Genval.
Pour nous, nous devons féliciter tous les campeurs pour leur magnifique tenue. «Ils font honneur aux assemblées qu’ils représentent. Nous formons des vœux pour que toujours plus ils se tiennent près du Seigneur et se détournent de toute souillure de la chair et du monde pour apprendre à servir de tout leur cœur le Maître qui les a si abondamment bénis.
Disons encore un mot du service accompli par les campeurs, au repas de midi, en faveur des nos visiteurs dont le nombre dépassa les 500 alors qu’a peine 150 s`étaient officiellement annoncés. Profitons de l’occasion pour signaler les difficultés qui sont suscitées aux organisateurs de telles rencontres pour assurer le service matériel indispensable dans ces occasions. Ainsi à Genval, en cette journée, les sœurs occupées au service de la cuisine ont dû accomplir le tour de force de doubler, en deux heures de temps, la quantité de potage et de café pour ceux qui s’étaient annoncés. Les campeurs et campeuses y ont d’ailleurs grandement coopéré.
Ces ennuis pourraient être facilement évités. .
L`affluence extraordinaire constatée déjà dans la matinée engendra l’idée de tenir la réunion de l’après-midi en plein air, d`autant plus que la chaleur risquait d’être accablante. L’estrade, les bancs et l`harmonium furent rapidement emportés sous les grands arbres. Ce fut tout simplement délicieux. Notre nouvelle cathédrale avait pour voûte le beau ciel bleu. Il est regrettable que certaines voix n`aient pas suffisamment porté pour être entendues pleinement par un nombreux auditoire.
L’après-midi se termina par la descente du drapeau, accompagnée par le chant de l’au revoir et ainsi finit notre premier « Camp des Taillis ».
L’impression générale qui se dégageait en cette fin de journée, parmi les groupes qui se dispersaient peu a peu, était un regret unanime de voir une fin si rapide à de si belles journées. Nous avons vu des yeux remplis de larmes dans lesquelles il y avait à la fois la joie des heures passées et l’espoir de se revoir bientôt à nouveau réunis dans ce lieu d’où chacun emporta d’abondantes bénédictions.
A notre Dieu va notre profonde reconnaissance. Que Son nom en soit aussi glorifié.
Article extrait de la revue « Reflets d’en haut » paru en juillet 1997 lors des 50 ans du Camp de Genval.
Le premier lundi du mois d`août 1947, à 23h 45, 19 adolescents, confiés à la garde du frère Virgile Blanquet, prenaient le train à la gare du Nord à Bruxelles. Destination l`Alsace et plus précisément Guebwiller où ils allaient passer une dizaine de jours dans un camp de La Ligue pour la Lecture de la Bible. Pour ces garçons qui avaient connu la guerre, c’était le début de la grande aventure des camps.
Le frère Jean Haye avait eu la vision du travail spirituel a accomplir parmi les jeunes des assemblées de frères et la mission du frère Virgile Blanquet consistait surtout à recueillir tous les éléments utiles à la mise sur pied de camps bibliques et à profiter ainsi de l’expérience des chrétiens français.
Quelques mois plus tard, à la Pentecôte 1948, le premier camp mixte avait lieu à Genval.
L’auteur de ces lignes était trop jeune pour y participer mais il était présent le lundi lors de la concentration des croyants des assemblées. Il y avait beaucoup de monde et la communion était profonde. Un souvenir vivace de cette journée lui est resté: celui des campeurs qui, spontanément, lors du repas de midi, se mirent à chanter des cantiques de louanges et de consécration.
Beaucoup de choses ont changé depuis. Le «baraquement», témoin de tant de souvenirs a été démoli le 06-01-1978 et c’est maintenant un bâtiment moderne qui accueille les jeunes.
Plusieurs équipes de responsables se sont bien évidemment succédées au cours de ces cinquante années et notre société a connu et continue à connaître de profonds bouleversements.
Une girouette change constamment d’orientation suivant la direction du vent. C’est une grande conformiste. La boussole, par contre, pointe toujours vers le nord même lorsque le navire change de cap. Elle permet au pilote de corriger sa course et d’atteindre le port désiré. Les vents changeants et les divers courants de la culture ont depuis toujours déferlé sur l’Eglise, la poussant à se conformer et à partir à la dérive. Il est dur de lutter contre le vent et la marée. L’histoire rend souvent le témoignage d’une Eglise instable, pleine de compromis. Si cela a été le cas dans le passé, c`est encore plus vrai dans la société pluraliste actuelle. Ce qui est vrai pour vous ne l’est peut-être pas pour les autres. Ne jugez pas. La voix qui proclame la vérité avec autorité n’est plus à la mode aujourd’hui. Mais notre Dieu reste le même: «je suis l’Eternel, je ne change pas›› (Malachie 326). Ce Dieu qui ne change pas est caractérisé par une vérité immuable: «Eternel, Ta Parole est établie pour toujours dans les cieux›› (Psaume 119:89). Le Seigneur Jésus a déclaré également: «Le ciel et la terre passeront; mais mes paroles ne passeront point›› (Matthieu 2435).
Cette parole est immuable, Elle seule est la vérité,
Elle demeure inébranlable, Elle est parfaite en sa beauté.
Cette Parole a été prêchée fidèlement tout au long de ces cinquante années de camp et beaucoup de jeunes ont répondu à l’appel, à la conversion et à la consécration. C’est la volonté des responsables actuels de poursuivre dans cette voie et d’annoncer ce que Paul appelle «tout le conseil de Dieu›› (Actes 2O:27). Il avait averti les anciens de l’assemblée d’Ephèse des problèmes énormes qui allaient survenir et quelle solution leur avait-il proposée? Une seule: «je vous recommande à Dieu et à la parole de Sa grâce» (Actes 20:32). Ce remède est toujours d’application pour que nous puissions résister efficacement aux assauts répétés de l’adversaire en ces temps de la fin.
Prions donc avec persévérance et avec foi pour que la Parole de Dieu reste la seule autorité et conserve la priorité, non seulement au camp de Genval mais aussi dans les assemblées, et cela jusqu’au retour de notre bien-aimé Sauveur et Seigneur.
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